lundi, 11 février 2013 09:50

Modification des rythmes scolaires

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Un  des fruits empoisonnés de la « refondation » de l’Ecole

Pourquoi la réforme des rythmes scolaires pose-t-elle problème ?

Le 12 décembre 2012, le ministre de l’Education, Vincent Peillon, a adressé une nouvelle fois, une lettre à tous les personnels de l’Education relativement au projet de loi sur la « refondation » de l’Ecole présenté en Conseil des Ministres le 23 janvier 2013 qui sera examiné par le parlement au cours du premier semestre 2013.

Dans cette lettre, le ministre a abordé entre autres, la réforme des rythmes scolaires de l’école primaire  qui… «  sera engagée dès la rentrée scolaire 2013 et se prolongera sur la durée du quinquennat » dixit V.Peillon.

 Quid de cette réforme des rythmes scolaires ?

De belles intentions, comme d’habitude ! Le ministre prétend que «… l’étalement de la semaine sur quatre jours et demi signifiera, pour tous les enfants, dès 2014, des journées moins longues, moins fatigantes, une organisation de la semaine plus propice aux apprentissages, un accompagnement des élèves en difficulté plus efficace… ».

Soit ! ce discours ne pourrait a priori, que plaire tant aux enseignants qu’aux parents : 4 heures supplémentaires de présence à l’école laisse  plutôt  penser – a priori - à une  volonté de privilégier le travail scolaire. Mais alors, pourquoi les parents marquent-ils leur désaccord ? pour des questions d’emplois du temps ? s’agit-il bien de cela ?

Par ailleurs, pourquoi les enseignants ont-il prévu une grève mardi 12 février ? refuseraient-ils de "travailler plus pour ne pas gagner plus" ... comme voudraient nous le faire croire les syndicats, en réalité parties prenantes dans cette réforme et qui poussent à la grève pour des raisons soit-disant financières ? Ne chercheraient-ils pas plutôt  à noyer le poisson du mécontentement profond dont la source est ailleurs ? car… les « enseignants » vont-ils travailler davantage ?  

Une refonte logique

Cette refonte des rythmes scolaires s’inscrit dans la logique de la « refondation » du système éducatif  basée sur la suppression de la transmission savoirs assurée par des cours  pour les remplacer par des activités au cours desquelles l’enfant est censé construire son savoir, ce remplacement   aboutissant à métamorphoser l’institution scolaire en garderie – ce que les syndicats en réalité, cautionnent.

Cette  réforme des rythmes scolaires consiste, non pas à ajouter des heures de classe dévolues aux professeurs des écoles mais  à les réduire  - en principe d’une heure par jour, mais pour plus, à court terme - pour les remplacer par des activités péri-scolaires organisées par les communes au sein même de l’école, activités devant être articulées avec les activités de classe et pour lesquelles les maires devront recruter des animateurs, c’est-à-dire des personnels sans qualification. Ils devront également choisir les horaires d’école ; autant dire que ce sont eux qui vont progressivement « avoir la main » sur l’école et non plus l’équipe « enseignante ».

Ainsi s’exprime le ministre : « … le temps scolaire sera articulé avec un temps péri-éducatif que les collectivités locales mettront en place au travers de projets éducatifs territoriaux dont la loi définit les principes et qui ont pour objectif un accès plus large à la culture, au sport, aux loisirs éducatifs… ».

Conséquences de cette refonte des rythmes scolaires

Quantitativement,  ce système aboutit, non seulement à la même charge horaire quotidienne pour les enfants  -  même nombre d’heures de présence quotidiennes à l’ « école » ce qui, contrairement à ce que prétend le ministre, n’aboutit pas à « …des journées moins longues, moins fatigantes… », mais à un accroissement hebdomadaire d’une demi-journée.

Qualitativement, cette nouvelle organisation est le moyen qu’a trouvé le ministre d’accélérer  la mise en oeuvre de la « refondation » de l’école basée sur la suppression des cours et leur remplacement par des activités. Elle va  faciliter le remplacement progressif du personnel enseignant par des « animateurs » sans formation professionnelle, qui ne seront donc pas « tentés » d’enseigner pour la bonne et simple raison qu’ils en seront bien incapables.

De plus, ce projet prévoyant que les activités péri-scolaires se fassent au sein de l’école et soient articulées avec les activités de classe, va permettre de créer la confusion entre ces différentes activités,  « noyer le poisson » de la mutation de l’école en centre d’activités et de loisirs, et en accélérer le processus.

Projet coûteux pour abêtir nos enfants

Projet coûteux par surcroît ! « Un fonds spécifique de 250 millions d’euros accompagnera les collectivités dans la mise en œuvre de cette réforme « ambitieuse » (sic)… ». Un comble pour financer un projet destiné à l’abêtissement de nos enfants ! et alors même que, dans le droit fil de ce que nous ont assénés ses prédécesseurs, le ministre ose accompagner son discours de la volonté d’une école « ambitieuse » pour faciliter la réussite des enfants !

Une préparation au collège et au lycée « lieu de vie »

En réalité, cette refonte des rythmes scolaires va permettre de poursuivre la politique déjà bien engagée  du collège et du lycée « lieu de vie » et de procéder à la refonte des rythmes scolaires  également à ce niveau, ainsi que le ministre l’a annoncé.

Nous pouvons d’ailleurs apprécier, à travers le témoignage d’une mère d’élève qui relaie le discours d’un principal de collège présentant son nouveau programme aux parents,  comment est déjà organisée à ce niveau, l’indigence intellectuelle des enfants confiés au système éducatif :

« …Il y a un excellent niveau, ne vous inquiétez pas… ce qui nous soucie, c’est le bien-être de votre enfant  …Les professeurs ne sont plus là pour faire un cours magistral mais sont à la disposition de vos enfants pour répondre à leurs questions…de toutes façons, ils n’auront plus de notes, donc il n’y a plus de problèmes…on fait des grilles de compétences parce-que les enfants sont là pour acquérir des compétences, c’est-à-dire reproduire avec leurs propres mots, ce qu’ils ont compris de ce qu’on leur dit… »

Et la mère d’élève de poursuivre : « …en aucun cas, il n’a été mentionné d’un enseignement …en fait de programme, c’est une carte : les enseignants font leur menu, ils choisissent, ils ne font pas tout. On nous dit : « … ce n’est pas grave, ils feront les années suivantes…de toutes façons en 6ème, les enfants ont le temps, ils ont un an pour s’intégrer….de toutes façons, ne vous inquiétez pas, le niveau n’est pas si mauvais que çà, il y a des villes qui sont pires que nous ;  donc, même un enfant en difficulté chez nous pourrait être un brillant élève dans une autre ville… »

La mère concluant : « … le problème est vraiment dans l’enseignement qui n’est plus là…j’ai l’impression de mettre mes enfants à la garderie quand je les mets à l’école…

"...Qu’est-ce qu’on me propose et que peut-on faire comme parent ? »

Conclusion

Nous  pouvons seulement lui dire que cette situation va s’aggraver puisque Vincent Peillon « met la dernière main » à la « refondation » et que ce n’est effectivement plus une école mais une garderie : la refonte des rythmes scolaires   est un des fruits empoisonnés de cette "refondation".    

La seule solution est d’inscrire les enfants dans des établissements indépendants, hors contrat. Certes, c’est une charge financière. C’est la raison pour laquelle les parents ont intérêt à se regrouper pour exiger les moyens de la liberté scolaire pour tous les enfants par le moyen d’un financement personnalisé attribué par l’Etat ou les collectivités territoriales, comme cela se pratique avec succès à l’étranger.

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