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samedi, 23 juin 2012 14:24

L'impossible survie du bac

Écrit par 

« Le bac s’essouffle » dit le Ministre de l’Education pour justifier d’en envisager la suppression. Un examen qui s’essouffle ! …c’est original !

C’est quoi, un examen qui s’essouffle ?

Ce doit être un examen épuisé de recevoir des coups...

...des coups portés depuis 60 ans par la philosophie marxiste du système éducatif  dont la finalité n’est plus d’instruire le peuple mais de socialiser les masses, et dont la triste réalité des résultats qui en découle, a dû être masquée aux yeux de tous, non seulement  par la pérennisation d’un diplôme qui témoignait originairement de la maîtrise d’un savoir et d’une formation intellectuelle solides, mais par son attribution à un nombre de plus en plus important d’enfants qui puisse faire croire, non seulement que le peuple continuait à être instruit, mais de plus en plus instruit , alors que  dans le même temps, il n'a cessé d'être abêti. Cette situation a forcément entraîné une dénaturation du diplôme.

C’est ainsi que depuis plusieurs décennies, l’obtention du « bac » relève davantage du mythe que de la réalité , que ce diplôme n’est plus que l’ombre de lui-même – ce qui explique assurément qu'il s'essouffle! -  et la « refondation » du système scolaire basée sur l’absence de transmission des savoirs et l’absence de résultat à atteindre, rend ce diplôme totalement obsolète puisque nous n’allons plus nous trouver dans une logique d’école mais de « lieu de vie » et c’est ainsi que tous ces coups portés au « bac » l’"essoufflent" tellement, qu’il va bientôt expirer !

Comment en être arrivés là ?

...Par une politique implacable de perversion de l’institution scolaire aussi bien intellectuellement que moralement depuis la fin de la 2nde guerre mondiale - sous couverts d’objectifs en apparence louables et nobles-  et cette politique s’est étalé dans le temps. Comment ?*

Intellectuellement , par l’allègement des contenus et surtout par l’usage et la pérennisation de l’usage de méthodes pédagogiques ineptes, rendant les enfants incapables d’appréhender les connaissances et d’acquérir une formation intellectuelle dans de bonnes conditions, moralement, par la remise en cause de tout ce qui est nécessaire à un élève pour pouvoir progresser dans la connaissance et la formation intellectuelle : remise en cause de la nécessaire autorité et du devoir d’obéissance, remise en cause de la nécessite d’exiger des efforts, de la rigueur, du travail, remise en cause de la nécessité de sélectionner, remise en cause des sanctions – positives ou négatives…

Il est bien entendu que dans ces conditions, il n’a plus été possible d’obtenir les résultats obtenus antérieurement avec des principes et des méthodes qui avaient largement fait leurs preuves ; en conséquence, pour masquer les dégâts causés par ce système volontairement dénaturé et faire illusion, la hiérarchie scolaire a volé en éclats : plus d’examen d’entrée en 6ème, plus de certificat d’études, plus d’examens de passage, peu de redoublements, plus de BEPC, et  ainsi sont arrivés dans les classes de terminales de plus en plus d’enfants ayant passé de classe en classe sans le niveau. Arrivés à ce stade, il a fallu jouer de tous les subterfuges pour pouvoir attribuer le diplôme envers et contre tout.

Quels subterfuges ?

Comment fabrique-t-on des bacheliers  quand les élèves grimpent dans l’échelle éducative sans le niveau?

Tout d’abord, les sujets de bac sont conçus,non pas en fonction d’un niveau déterminé à l’avance mais en fonction de ce que les candidats sont censés être capables de réaliser pour pouvoir obtenir le bac. C’est ainsi que certaines épreuves se sont vues complètement dénaturées et métamorphosées tout en conservant leur appellation d’origine : entre autres exemples, une épreuve de dissertation qui exigeait primitivement la construction d’un travail structuré et argumenté avec des connaissances à la clé, a pu passer sans que l’intitulé de cette épreuve n’en fut modifié,  à de simples questions dont un QCM,  du fait que les élèves devenaient absolument incapables de faire un réel travail de dissertation ; de cette façon, désormais, les candidats peuvent obtenir des résultats qu’ils n’auraient jamais pu espérer avec les exigences antérieures.

Par ailleurs, les corrections sont soumises à des barèmes établis non pas a priori mais a posteriori  au cours de  réunions dites d’ « harmonisation » de professeurs d’une même discipline : ces réunions sont destinées en réalité à modifier les barêmes établis primitivement par ceux qui ont rédigé les sujets : quelques copies sont prises au hasard et lues par le président de jury et les barêmes sont modifiés s’il apparaît que trop de candidats n’ont pas bien su traiter le sujet, et ce, afin  que le maximum de candidats puisse obtenir au moins la moyenne ! Les corrections elles-mêmes sont assujetties à une grande indulgence et des pressions sont exercées sur les examinateurs pour que la moyenne de  leurs notes attribuées aux candidats ne soit pas trop basse ; si tel est le cas, la hiérarchie pédago-administrative peut demander de relever les notes, quand l’examinateur ne se voit pas carrément "remercié" ! 

Les interrogations orales sont assujetties à la même indulgence, et quand ont été extirpées à grand peine quelques idées sans souci d’obtenir un travail structuré ni d’exiger un langage correct, il est hautement recommandé de mettre au moins la moyenne,

Les coefficients sont exagérément gonflés (jusqu’à 12) dans des disciplines accessoires mais où les candidats ont le plus de chance d’obtenir de bonnes notes,

Puis, les jurys de délibération font des rachats de points de plus importants : le rachat de 3 ou 4 quelques points se faisait primitivement sur le total des points obtenus dans les différentes matières coefficientées et  ne pesait pas très lourd sur le résultat ramené à la moyenne sur 20 ; désormais, le rachat se fait à partir de la moyenne sur 20, et alors que l'on semble donner peu quand le rattrapage atteint un demi-point, en réalité sur le total coefficienté, l'attribution de points supplémentaires atteint facilement 15 points!

Enfin, l’informatique apporte également son concours à cette grande foire aux points. Les logiciels utilisés ne prennent pas en compte les décimales et une note affectée d’une virgule par un examinateur est automatiquement remontée au chiffre entier supérieur : une note à 8,2 est systématiquement remontée à 9 ; sur une épreuve abondamment coefficientée, le nombre de points acquis gratuitement est considérable.

Tous ces coups portés au bac l’ont assurément  dénaturé, défiguré, essoufflé !

Mais ce sont aussi et surtout les élèves qui se sont essoufflé dans un système qui, non seulement ne leur a pas donné les moyens de réussir, mais les a empêchés de réussir , car c’est le système ainsi conçu depuis plusieurs décennies, qui fabrique de faux bacheliers; c’est aussi notre société qui s’essouffle avec tous ces jeunes qui sortent du système éducatif sans véritables repères, c’est également la France qui s’essouffle !

 Le bac ne peut pas survivre

Alors? que prévoit Vincent Peillon ? redonner aux élèves les moyens d'obtenir de meilleurs résultats? Ne rêvons pas! Décrétant que le bac « s’essouffle », il compte au contraire le supprimer - plus de bac, plus de problèmes - et il le sera car, avec la refondation en cours du système scolaire, le bac ne peut plus avoir d’existence : la transmission du savoir étant banni, il est prétendu qu’il sera remplacé par le contrôle continu, mais il n’y aura plus de contrôle à faire puisqu’il n’y aura plus de connaissances à acquérir ; la logique du système est basée sur le « récréatif »  et non sur des études, ce n’est plus une logique d’école et, dans ces conditions, le bac ne peut pas survivre.

 Cf. « le trompe-l’œil de l’Education » ouvrage réédité en 2012 .

Lu 5457 fois Dernière modification le dimanche, 24 juin 2012 13:18