mardi, 20 mars 2012 13:37

Programme décodé de "Sarko.l'illusionniste"

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Nicolas Sarkozy a déjà fait beaucoup pour l’Ecole depuis son accession à la magistrature suprême en 2007 et on peut lui reprocher tout et en particulier, de nous avoir illusionnés, mais certainement pas de n’avoir rien fait ! Avec des déclarations diamétralement opposées aux réalités qu’il nous a imposées, sous couvert de faire de l’école, « l’école du savoir, l’école de l’exigence, l’école du respect » , Nicolas Sarkozy a mis en œuvre « au pas de charge », la réforme révolutionnaire léguée par Claude Allègre  qui marque une révolution complète de l’Institution scolaire en lieu de vie, centres d’activités et de loisirs...

 Un lourd passif à son actif

Citons  - à titre non exhaustif – quelques mesures fondamentales prises par Nicolas Sarkozy assorties d’une désinformation sans précédent distillée sans vergogne par des  déclarations totalement mensongères qui sont passées pour des vérités dans le public :

. « Suppression » (sic) des IUFM annoncée triomphalement par Nicolas Sarkozy, alors qu’il s’est agi de la mise en œuvre de la fusion IUFM-Universités résultant de la loi d’orientation de 2005 ,confirmée par Nicolas Sarkozy , fusion n’ayant d’autre but que de supplanter à terme, l’enseignement disciplinaire dans les universités (cf. art. « Nicolas Sarkozy a-t-il réellement enterré les IUFM?»)

. « Suppression » (sic) de la carte scolaire annoncée également triomphalement par Nicolas Sarkozy et qui, avec une désinformation habilement menée, est passée pour une vérité dans le public  alors que les nouvelles mesures prises en 2008  sont plus contraignantes que les précédentes, situation reconnue dans un article du monde du 11/03/12 qui mentionne : «… grâce à une communication offensive, la suppression a été remportée» dans les esprits… »…

. « Liberté pédagogique » érigée en principe d’enseignement, au lieu de donner des directives précises qui auraient pu permettre de résoudre – entre autres -  les problèmes toujours non résolus d’apprentissage de la lecture alors que cette liberté pédagogique est inopérante dans le système « refondé » dans lequel l’enseignant-qui-n’enseigne-plus travaille en équipe sur un projet d’établissement établi par le chef d’établissement,

. «Réforme» de l’école primaire dans laquelle des objectifs ont été définis sans donner les moyens de leur application,

. Réforme des CAPES 2009 qui se traduit par un effondrement des exigences par le fait de la réduction de  l’enseignement disciplinaire à la portion congrue et parfois à néant et où les exigences disciplinaires résiduelles se font sur la base des programmes du secondaire !

. Réforme du lycée en 2010 où les cours disparaissent progressivement au profit d’activités  et où les différentes filières tendent à disparaître pour réaliser le lycée-lieu de vie,

. Actuelle refonte du collège pour aboutir à sa primarisation par fusion école primaire-collège,

 Nicolas Sarkozy  n’est donc pas resté les bras croisés ! Le problème est que toutes les mesures prises l’ont été dans le sens de l’anéantissement du système éducatif et de sa révolution complète en lieu de vie :   Nicolas Sarkozy a donc à son actif, un lourd passif ! mais un passif  cohérent où toutes les mesures sont parfaitement logiques dans le cadre de la déconstruction du système et de sa métamorphose en lieu de vie .

 Un axe de campagne qui désaxe

Dans le prolongement de ce lamentable quinquennat,  quel  est l’axe de campagne du candidat Sarkozy ?Tout simplement, la poursuite de la mise en œuvre de cette révolution-destruction du système éducatif ; son projet se situe dans le droit fil de ce qu’il a fait pendant 5 ans avec des effets d’annonce diamétralement opposées à la réalité d’une école restaurée. 

1 - La réforme du collège est classée comme priorité par le Président-candidat . « Il faut mettre fin aux faiblesses du collège unique tel que nous le connaissons » dit-il, en proposant deux pistes de réflexion « recentrer la 6ème et la 5ème sur les enseignements fondamentaux » et « assurer la diversité des parcours en 4ème et 3ème » car « il n’est pas normal que le collège actuel prépare exclusivement à l’enseignement général »

En clair, cela veut que, pour « mettre fin aux faiblesses du collège unique» Nicolas Sarkozy procède à la « primarisation du collège » par une intégration progressive du collège à l’école primaire en « recentrant la 6ème et la 5ème sur les enseignements fondamentaux »; l'éducation "refondée" étant basée sur des activités au détriment des cours, des activités hors classe sont prévues à partir de la 4ème, c’est ce qu’il appelle la « diversité des parcours ». 

2 – Nicolas Sarkozy dit souhaiter "que soient redéfinis « le métier » et la « mission » d’enseignant",  en suggérant que  les professeurs… « puissent accepter d’autres manières de travailler, d’être plus présents dans les établissements », donc de travailler au-delà des 18 heures hebdomadaires réglementaires pour les professeurs certifiés et les 15 heures pour les agrégés.Cette redéfinition est logique pour une école-lieu de vie, puisque, dans ce contexte, il n’y a pas plus de cours à préparer que de copies à corriger! il s’agit donc bien de « travailler autrement », mais  ce n’est plus un métier d’enseignant,

« … En contre-partie, leur rémunération devra être considérablement augmentée… » dit-il, ressortant de sa poche révolver, sa formule magique : « travailler plus pour gagner plus »! En réalité, pour « bloquer » le rejet massif  de cette réforme par le corps enseignant, il compte « acheter »  leur docilité au système !

 3- Il propose l’autonomie des établissements, à l’instar de ce qui a été fait pour les universités, ainsi que l’évaluation des enseignants par les chefs d’établissements,

En réalité, l'autonomie des établissements est faussée par une obligation de moyens , c'est-à-dire par le fait que chaque chef d'établissement doit assurer la disparition progressive des cours au profit de projets d'élèves sans obligation de résultat, ce qui est une logique totalement inverse celle d'une Ecole où seul compte le résultat, les moyens étant laissés à la libre appréciation des protagonistes. A partir de là,  le projet  - décrié par les intéressés eux-mêmes - de la nouvelle évaluation des enseignants par les chefs d'établissements et non par un inspecteur de la discipline est logique puisqu'il n’y a pas plus de programmes à réaliser que de discipline à enseigner ni de résultats à atteindre, seulement des moyens à mettre en œuvre dans le cadre de "pédagogies de projets" : dans ce contexte, seul le chef d’établissement est en mesure de faire l’évaluation, non du résultat obtenu mais du « profil » de « l’enseignant-qui-n’enseigne-plus ».

 4 – De plus, Nicolas Sarkozy confirme les internats d’excellence, n’hésitant à affirmer qu’ils sont instaurés  dans un souci d’égalité (sic) alors qu’ils représentent un véritable scandale !

En effet, ces structures sont réservées aux enfants des banlieues – souvent étrangers à notre culture – internats dans lesquels est dispensé un enseignement de qualité, avec des enseignants « triés sur le volet » et qui enseignent réellement, internats au sein desquels est appliquée une discipline rigoureuse allant jusqu’à la rigueur vestimentaire ; c'est tout ce qui, dans le même temps, est refusé à nos enfants dans le système éducatif "refondé" où tout enseignement est appelé à  disparaître au profit d’activités au cours desquelles ils sont censés construire leur savoir, tout ceci se faisant dans le but que les enfants des banlieues deviennent  l’élite de la Nation et que les nôtres en soient des larbins !

Conclusion

Ceci nous amène à considérer que la véritable égalité des chances est dans le libre choix de l'école pour tous les enfants qui ne sera possible que par le moyen d'un financement personnalisé alloué par l'Etat et qu'il est de notre devoir d'exiger si nous voulons survivre à ce qu'il est convenu d'appeler une catastrophe éducative.

Mais ce n'est pas ce que propose Sarko. l'illusionniste qui assure une véritable continuité de son programme « éducatif ». Il n’y a donc aucune surprise du côté du candidat Sarko pour celui qui se met à la tâche de décrypter et ses discours et ses décisions, mais il peut illusionner encore beaucoup de Français dans cette campagne !

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