samedi, 07 janvier 2012 16:11

La désinformation en matière scolaire, pourquoi?

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Comment définir la désinformation? Le "Grand Robert" définit la désinformation comme étant " l'utilisation des techniques de l'information, notamment de l'information de masse, pour induire en erreur, cacher ou travestir des faits". En réalité, "cacher ou travestir des faits" constituent les moyens de la désinformation, l'objectif étant d'"induire en erreur".

Mais...pourquoi vouloir induire en erreur?  pour anticiper, voire neutraliser toute opposition, toute résistance qui puisse venir contrecarrer et anéantir le projet de celui qui sait agir contre la volonté du public. Et pourquoi, précisément, vouloir induire les Français en erreur sur l'Ecole? Les raisons ne manquent pas... 

 

Masquer l'objectif réel des réformes

La première est celle de vouloir masquer les objectifs réels poursuivis par les réformateurs de l'Ecole depuis plusieurs décennies.

En effet, contrairement à l'attente des parents, cet objectif n'est plus celui d'instruire le peuple, de transmettre les connaissances, de former des citoyens cultivés et avisés avec une solide formation intellectuelle et professionnelle, mais celui de socialiser les masses en fabriquant des citoyens de plus en plus incultes et malléables. Cet objectif étant bien évidemment totalement étranger à celui poursuivi par les parents, prétendre à une concordance de buts entre gouvernants et parents, permet d'anesthésier - juste ce qu'il faut - les Français et paralyser leur faculté de réaction face à des réformes qui, en réalité, déstructurent le système éducatif.

Néanmoins, cet objectif a été formulé mais jamais médiatisé, noyé dans un flot d'autres informations dominantes, ce qui constitue un des aspects de la désinformation. C'est ainsi, entre autres, que le discours de Philippe Mérieu - l'éminence grise de Claude Allègre, initiateur de la réforme révolutionnaire dont la mise en oeuvre se poursuit et s'accélère avec Nicolas Sarkozy - est sans ambiguïté.Dans son ouvrage "l'école ou la guerre civile", il a énoncé froidement : "...les réformes pédagogiques prônées par la recherche pédagogique n'ont jamais eu pour sens de poursuivre autrement les mêmes buts que les méthodes traditionnelles - transmettre le savoir, initier à la science..mais ont été intentionnellement conçues pour permettre la scolarisation des milieux populaires, fût-ce au détriment de la poursuite, par tous les autres, des objectifs traditionnels de toute pédagogie..."

Il s'agir donc de détruire l'essence même de tout système éducatif pour fabriquer des masses acculturées, visant même à empêcher l'émergence d'une élite.

Masquer les moyens

La deuxième raison de la désinformation en matière scolaire est celle de masquer la réalité des moyens pédagogiques utilisés.

Ainsi, avant de poser les bases de sa réforme révolutionnaire, Claude Allègre avait dit : "...il faut employer d'autres moyens pour éviter l'échec scolaire...". Cette formulation laissait supposer que les "autres moyens" seraient destinés à ce que l'élève obtienne de meilleurs résultats pour des exigences  inchangées. En réalité, au lieu d'aider l'élève à surmonter l'obstacle, l'obstacle a été supprimé : c'est ainsi que les activités prônées dans sa réforme révolutionnaire et mises en oeuvre depuis, en remplacement des cours, ne sont assorties d'aucune obligation de résultat.

Pas de résultat à atteindre, pas d'échec, c'est aussi simple que cela.

A noter d'ailleurs que ces activités prennent des noms divers et variés pour donner un apparence de crédibilité et de caractère scientifique au système : transversalité, itinéraires de découverte, accompagnement personnalisé, travaux personnels encadrés, projet personnel de réussite éducative...la liste n'est pas exhaustive! ces différentes appellations d'une même triste réalité constituant  un des aspects de la désinformation car, parler d'accompagnement personnalisé, par exemple, laisse supposer que le professeur accompagne chaque élève pour apporter un complément d'explication ou une aide méthodologique dans le prolongement d'un cours. Or, cet accompagnement personnalisé ne se fait pas dans le prolongement d'un cours, mais en remplacement des cours dans le cadre d'activités réalisées par l'élève, sans qu'il y ait obligation de résultat.

Est-ce bien ce que les Français ont pu percevoir du discours de Claude Allègre et est-ce bien cela qu'ils attendent du système éducatif?

Masquer les résultats

La troisième raison de la désinformation en matière scolaire est de masquer les résultats.

L'Ecole française, qui était - sinon la meilleure au monde - du moins, une des meilleures au monde au lendemain de la 2nde guerre mondiale, arrive à plus du 20ème rang dans les trois disciplines fondamentales - français, maths, sciences - d'après l'étude PISA 2010 réalisée par l'OCDE et à laquelle ont participé 65 pays. Ce qui n'empêche nullement le Président du Conseil supérieur de l'Education (CSE) d'avoir l'aplomb de déclarer : "..en dépit des progrès remarquables (sic) accomplis au cours des dernières décennies par notre système éducatif, celui-ci ne parvient pas à résorber des poches d'échec importantes ni à accroître l'égalité des chances..." Egalement, dans les même registre des morceaux choisis : "...nous avons un système performant et robuste et c'est le haut niveau exigé qui explique les difficultés rencontrées..."

Il faut oser le dire! quand les exigences du système éducatif sont sans cesse amoindries et que les diplômes obtenus ne sont souvent plus que des coquilles vides.

Masquer l'avenir de l'école

La dernière raison de la désinformation en matière scolaire est de masquer l'avenir de l'école.

La refondation de l'école dont Nicoles Sarkozy se fait le chantre tourne totalement le dos à la refondation expérimentée par le GRIP (groupe de réflexion interdisciplinaire sur les programmes) basée sur un enseignement structuré et progressif afin de restaurer un enseignement de qualité.Les résultats obtenus au cours de cette expérimentation sont excellents mais n'intéressent personne! enfin! personne de l'Education Nationale et n'a aucune chance d'"être étendue.

Quand Nicolas Sarkozy parle de "rupture" avec le système antérieur, il marque, au contraire, sa volonté de rompre avec l'école lieu de transmission des savoirs, et quand il parle de "reconstruction de l'école du primaire au lycée", il faut traduire par "mutation de l'école républicaine en une multitude de centres d'activités de la maternelle à l'université" avec à la tête, un chef d'établissement façon "GO-Club Med" ayant tout pouvoir dans son village de vacances, ceci, en parfaite adéquation avec la poursuite de la mise en oeuvre des réformes de Claude Allègre.

Voici en résumé, les principales causes de la désinformation en matière scolaire.

 

cf. les ouvrages : "le trompe-l'oeil de l'Education" et "bas les masques de la désinformation sur l'école"

 

 

 

 

 

 


 


 

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